Cameroun: les forces insurrectionnelles risquent la prison à vie

Que ce soit dans la presse locale ou sur les réseaux sociaux, l'avertissement donné par le gouvernement est clair : "l'insurrection est passible de la prison à vie, la révolution de la peine de mort." Et sur les Facebook, le réseau social le plus populaire du pays, quelques têtes brûlées s'en donnent à coeur joie. "Vive l'insurrection ! Vive la révolution !" Mais que se passe-t-il donc dans la tête des habitants du pays le plus stable et pérenne d'Afrique Centrale ? Du pays où la presse d'opposition n'a jamais été aussi forte et non-entravée ? 

Quand on regarde les gouvernements africains, il est aisé, depuis ici en France, de partir immédiatement dans des généralités grossières qui laisseraient penser que les africains vivent en dictature. La réalité est parfois bien différente, et ce, même si le chef de l'État est en place depuis 40 ans. Car dans ce Cameroun, pays tribaliste, où plus de 200 ethnies vivent en harmonies (notamment grâce au savoir conciliateur du Chef de l'Etat Paul Biya), le français moyen ne sait pas qu'il règne au moins 200 rois et chefs traditionnels. La plupart sont en général les sages du village, les vieux quoi ! Des personnes en place depuis 30 ou 40 ans. Et c'est ainsi que la politique se conçoit en Afrique. On respecte le savoir et la sagesse des gens en place depuis longtemps.

Les manifestations prévue demain, mardi 22 septembre, à Yaoundé et à Douala, menacent-elles la paix au Cameroun ? Peu probable. Car si beaucoup de camerounais parlent sur les réseaux sociaux, peu d'entre-eux devraient se déplacer. Ils savent que les avertissements à la prison sont sérieux et qu'aucune violence ne sera autorisée. Un ministre à qui nous avons parlé se souvient des gilets jaunes "et des autres crises que vous avez vécu en France. La police a été forcée de réagir avec vigueur. Il y a eu des blessés, des estropiés, et il y a même des aveugles aujourd'hui. La police française, garante de la sécurité des français, a dû agir avec force. S'il en est de même ici  alors nous le ferons. Mais nous n'accepterons aucune critique. Le Cameroun est un pays libre, avec des élections libres et une presse libre. Et la police est garante de la sécurité et de la stabilité."