Élection présidentielle camerounaise : À Douala, l’impatience de choisir la stabilité

Depuis l’annonce des élections qui se dérouleront le 7 octobre prochain, suivi de celle de la candidature du président sortant Paul Biya, les candidats et les partis se mettent en ordre de bataille. Certains anciens opposants se sont ralliés à Biya, alors que l’opposition tente de s’organiser. De son côté, les préoccupations de la population de Douala semble bien loin de celle des candidats.   Plus encore qu’à Yaoundé, le cœur politique du pays, à Douala, la capitale économique du Cameroun, les élections ne passionnent guère la population. Une indifférence relative, qui s’explique par d’autres sources d’inquiétude.  

Une inquiétude pour l’avenir de ses enfants plus que pour les élections

Albert, la trentaine, explique l’état d’esprit du peuple ainsi : “La population s’en fout de savoir si Paul Biya sera ou pas le prochain président. Ce n’est pas la question. La population, ici, ne parle presque que d’une chose : à quoi va ressembler l’avenir pour mes enfants." Selon lui, quoique l’on pense de Paul Biya, le fond du problème reste le même : “Les conditions de vie sont difficiles. Le souci reste de pouvoir remplir son assiette et celle de ses enfants, “ pour conclure lapidairement, “on ne parle quasiment pas des élections ici.”   Ce sentiment est partagé par Marie, 42 ans : “On s’est détourné de la politique, les élections n'intéressent que la télé, la radio et les journaux. C’est pour vendre du papier tout ça.”  

La question de la sécurité

Néanmoins, si même la perspective de voir Paul Biya perdre les élections semblent peu probable, cette éventualité inquiète, même chez ceux qui ne font pas partie de ses plus fervent soutien, tel que Samuel, 37 ans : “Comment sera demain si Popol (NDLR : surnom donné dans la population à Paul Biya)perd les élections ? S'il est remplacé par quelqu'un d'autre à quoi s'attendre ? Et comment sauvegarder le semblant de paix qu'il nous reste.” Chacun a ainsi conscience que la préservation de la sécurité dépend de la réélection de Biya, qui estiment qu’il remportera les élections du 7 octobre. “Cependant, précise Samuel, on a conscience que, vu son âge, il s’agira de son dernier mandat… S’il le termine.”   À Douala, la classe moyenne est bien plus intéressée par l’ouverture en décembre dernier du premier Carrefour Market et de l’organisation de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations au Cameroun en 2019, que du résultat des élections.